Au terme du programme de formation de 9 jours à destination des coordinateurs de projets & parcours de la plateforme Adultes de la Haute-Marne, nos stagiaires, devant un auditoire attentif, présentent leurs travaux de pairs. Trois groupes évoquent, non sans appréhension, mais avec sérieux et engament, les résultats de leurs investigations qui ont débuté en février dernier. En parallèle de la formation, des questionnements sur le rôle de coordinateur de parcours, ouverture partenariale avec le sanitaire, évocation d’un cas complexe…trois thématique riche d’une analyse fouillée d’enquête et rencontres terrains, mais aussi d’introspection.
Le territoire de la Haute-Marne possède deux plateformes adultes, Chaumont et Breuvannes. Celles-ci accompagnement environs 150 personnes en situation de handicap.
Les 8 coordinateurs interviennent et accompagnement des personnes accompagnées travailleurs d’ESAT et des personnes accompagnées bénéficiant d’un accompagnement sur l’habitat.
La directrice de plateforme, Emilie Bondoux, a exposé les besoins de formation à destination des coordinateurs après 2 ans de mise en place de cette mission. Cette demande a également été motivée par un manque de satisfactions des réponses des formations proposées par ailleurs. Le but de la formation était de favoriser la montée en compétences sur cette fonction de coordinateur, mais aussi une prise de confiance. Ce programme avait également pour objectif de permettre aux coordinateurs de gagner en aisance et en légitimité dans l’exercice de leur fonction & enfin de créer une réelle cellule de coordination.
Ce programme de formation de 9 jours a démarré par un premier module balayant les différents axes de la coordination dans le but de rappeler l’ensemble des dimensions du rôle de coordinateur de parcours. Cette journée de formation avait pour objectif de permettre aux coordinateurs de partager un sens commun à leur rôle dans la structure.
Puis les coordinateurs se sont penchés sur le travail partenarial et autres dispositifs avec lesquels ils sont amené à collaborer. Ce module a donné l’occasion aux coordinateurs d’évoquer les leviers et les freins à ces collaborations.
La thématique suivante s’est découpée en deux points : « du PPA et l’agilité du quotidien, quels accompagnements et suivis ? » et « L’écoute : formation expérientielle ». Le premier amenait les questionnements sur les outils et l’organisation en place pour rester à l’écoute des personnes accompagnées. Le but était également de favoriser l’émergence du sens des outils utilisés pour répondre aux attentes/souhaits/besoins des personnes accompagnées. La seconde thématique portait sur l’Ecoute. Cette formation expérientielle permet de développer la compréhension de l’approche centrée sur la personne. Elle a amené les stagiaires à développer leur capacité d’écoute, la capacité à comprendre l’Autre – en ne se coupant pas de soi-même -, à comprendre ce qui l’amine et à accueillir sa parole en y étant disponible.
Le dernier module « Du Management de projet et des Managers » reprenait les bases du Management de projet avec un focus sur les particularités de chacun et leurs axes à améliorer. Chaque stagiaire a pu découvrir son profil individuel grâce au MBTI. Un plan d’action pour déployer un management de projet en s’appuyant sur ses ressources a été projeté pour chacun.
Le parcours de 9 jours de coordinateur de parcours s’est clos par les présentations des stagiaires sur leurs travaux de pairs. En début de parcours les stagiaires ont choisi des thématiques à traiter. Ils se sont réunis en intersessions pour analyses, enquêter, approfondir, investiguer…. Ils ont bénéficié de l’appui du Responsable Pédagogique pour avancer dans les travaux.
Groupe de pairs n°1 :
Thème « Coordinateur de parcours : Identité professionnelle et posture ». Cette étude rendait compte des difficultés en tant que coordinateur dans la situation de rupture de parcours. Ce choix s’est basé sur leur sentiment de rencontrer de plus en plus de situations complexes dans le cadre de leurs suivis. Les membres du groupe ont exposé leurs constats sur les terrains avec le cas de Monsieur C. Les constats ont porté sur l’accompagnement et notamment sur le travail partenarial mais aussi sur les difficultés Les difficultés liées à l’institutionnalisation des parcours et le besoin de se tourner vers l’autodétermination pout trouver une place juste & cohérente dans leur rôle.
A travers cette étude, le groupe a pu comprendre les raisons des ruptures de parcours. Mais le plus important a été la réorientation du sujet de cette étude. En effet, le groupe a fini par s’orienté sur « la difficulté en tant que coordinateurs dans les situations de rupture de parcours ». Au-delà, des faits et des constats, la présentation a été animé par les émotions et les ressentis des coordinateurs.
Groupe de pairs n°2 :
Le second groupe a choisi de traiter du sujet « Action de coordonner : harmonisation d’activités diverses dans un souci d’efficacité ». Ils ont mené une enquête de terrain auprès des personnes accompagnées et des professionnels coordinateurs, des professionnels terrain et des managers de la Direction, les membres du groupe ont exposé leurs constats.
Celle-ci, très dense et d’une manière singulière, a pu mettre en exergue les situations paradoxales que peuvent rencontrer toutes les personnes liées aux projets et parcours dans l’appréhension de ce qu’est la coordination & du comment elle s’exerce. Pour exemple, l’identification du coordinateur est limpide et aisée, mais il est complexe d’énoncer son rôle. De même, tous les acteurs liés aux projets sont satisfaits du nombre de réunions à disposition, mais souhaitent des temps plus objectivés… Les différents constats ont permis au groupe de proposer des changements et évolutions afin de faciliter leur mission.
Groupe de pairs n°3 :
Le troisième groupe a décidé d’exposer la coopération des coordinateurs de projet & parcours avec les différents acteurs du sanitaire. Les principales interrogations et donc préconisations de ce groupe ont concerné les acteurs de la coordination du parcours de la personne accompagnée, la présence d’un professionnel de soin dans ce type de parcours et les difficultés de la coordination de parcours porte sur les volets accompagnement et soin. Le groupe a poursuivi sa présentation en donnant des préconisations basées sur leurs études :
- Identifier : recherche de partenaires, présentation du pole des coordinateurs de parcours avec une réflexion sur le travailler ensemble.
- Communiquer : Flyers de présentation du pôle de coordinateur de parcours, carte de visite (outils pour se faire connaître et reconnaître) et courrier type « pôle de coordination » pour les échanges entre les coordinateurs de parcours et les personnes accompagnés, les familles mais aussi les partenaires.
- Conventionner : mise en place d’accord afin de travailler avec les différentes parties dans de meilleurs conditions.
Le travail de ce groupe les a amenés à une réflexion sur leurs pratiques et les moyens d’amélioration de leurs impacts dans la coordination de parcours.
Au terme de ces présentations, l’auditoire, composé de la directrice de Plateforme, la directrice adjointe, des directeurs d’établissement et des chefs de services, a réagi sur les présentations et leurs impacts.
Au-delà du travail fourni, tous ont évoqué un chantier d’ampleur qui amènera un travail en collaboration avec les coordinateurs pour améliorer leur mission. Le public a souligné l’importance des outils et raisonnements exposés lors des présentations qui seront à réutiliser au quotidien.
In fine, les 9 jours de formations ont favorisé une montée en compétence, certes, mais aussi un travail sur soi. Ce travail a permis de mieux se connaître tant sur le plan professionnel que personnel mais aussi d’identifier la posture professionnelle. La formation a contribué à un déblocage de la situation et à la mise en place d’outils et méthodologies d’accompagnement. En outre, les stagiaires témoignent d’une formation tout en émotion et introspection et qui aura créé du lien dans les équipes en instituant une cellule de coordination.
Focus sur le module Ecoute :
Au cœur de ce parcours de 9 jours, les participants ont pu assister à la formation sur l’Ecoute. Cette formation, en partenariat avec l’IFRDP, est à la fois innovante et expérientielle avec une approche centrée sur la personne.
« Parce que trop souvent nous écoutons pour répondre et non pas pour comprendre ; Parce que écouter s’apprend ». Rencontrez Frédérique, Stéphane, Melissa, Mélanie et Catherine. Tous éducateurs spécialisés et depuis plusieurs années, coordinateurs de parcours.
Vous avez suivi 3 jours de formation sur l’Ecoute. Pouvez-vous me parler de votre expérience ?
Frédérique : C’était une belle expérience. Nous ne sommes pas ressortis avec des outils mais avec un savoir être. On sort de cette formation en se posant des questions sur soi et sur les autres. Et surtout on apprend à être à l’écoute des personnes accompagnées, les aidants, les proches mais aussi les prestataires. Je me suis rendue compte que parfois on est dans la projection du besoin de la personne en situation de handicap et pas assez dans l’écoute.
Stéphane : Pour moi cette formation m’a amené à une remise en question professionnelle et personnelle. Nous sommes formatés d’une certaine manière en tant qu’éducateur spécialisé mais grâce à la formation nous avons acquis une vision différente.
Mélissa : Cette formation m’a amené à me remettre en question, de ressentir des choses sur le plan personnel et professionnel. Sur le terrain, nous ne pratiquions pas l’écoute de cette manière. On ne laissait pas de place aux silences, on posait tout le temps des questions alors que le silence permet à la personne en situation de handicap de parler et de s’exprimer.
Mélanie : C’est une formation qui m’a bousculé émotionnellement tant au niveau professionnel que personnel. J’ai appris qu’il est bon de s’écouter soi pour mieux écouter les autres et prendre le temps d’écouter au lieux d’être happé par le quotidien.
Quelles étaient vos attentes concernant la formation ?
Melissa : J’espérais que la formation soit basée sur la pratique afin de mieux comprendre et c’était le cas.
Frédérique : On ne s’attendait pas à cela au niveau de la démarche.
Stéphane : Le fait de ne pas être autour d’une table, de ne pas se formaliser ça a un apport bénéfique mais on ne s’y attendait pas.
Pouvez-vous me parler de votre ressenti ?
Stéphane : On s’est retrouvé sans table, assis en rond. On aurait dit un groupe de parole, presque une thérapie de groupe.
Frédérique : J’étais un peu mal à l’aise sur ma chaise au début car la table permet de mettre de la distance. Je me suis retrouvée complètement exposé mais ça s’est avéré positif.
Mélanie : J’ai ressenti une cohésion de groupe comme si nous étions dans une bulle. La formation m’a bousculé émotionnellement.
Qu’avez-vous pu tirer de cette formation ?
Mélanie : On ne se rendait pas compte qu’on avait pas la bonne manière d’écouter.
Catherine : Avant on entendait que ce qu’on voulait entendre. Je sens maintenant que les personnes en situation de handicap sont plus à même de partager, elles s’ouvrent plus à nous.
Stéphane : Notre posture a complétement changé face à l’écoute et surtout à la façon d’écouter.
Recommanderiez-vous cette formation ?
Stéphane : Nous recommandons cette formation à tous, du directeur d’établissement au personnel d’entretien.
Catherine : On recommande à 100% à tous.
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Mélanie : Je souhaiterai juste ajouter qu’on était rentré dans un mode robot et grâce à la formation on est redevenu humain et surtout on est redevenu nous-même.
On travaille avec notre cœur.
Conclusion d’Emilie Bondoux, directrice de la Plateforme Adultes de la Haute-Marne
« Au terme du parcours de formation et des présentations des travaux de pairs, je constate qu’il y a eu un énorme travail de la part des stagiaires et beaucoup de questionnement sur la mission du coordinateur de parcours. Ce travail va nous amener à démarrer un chantier d’ampleur sur le rôle du coordinateur. Nous avons pu découvrir une autre vision du poste de coordinateur de parcours et ainsi une prise de conscience concernant les difficultés de ce poste.
Nous attendions de la formation qu’elle apporte une montée en compétence aux collaborateurs mais aussi un travail sur eux-mêmes.
Au-delà de ce travail exceptionnel qu’ils ont fait, nous allons les accompagner d’autant plus dans les changements du système et également travailler avec les équipes terrain dans ce processus.
Cette formation et ce travail de pairs seraient bénéfique pour toutes les personnes ayant un impact sur les parcours des personnes accompagnées. »
